La BHAGAVAD-GITA

Le mot gita signifie « chant » et bhagavad « Dieu, le possesseur (vat) de toute perfection (bhaga) ». La Bhagavad-gita est ainsi « le chant de l'Infiniment Parfait ». Elle incarne les enseignements du Seigneur, Krishna.

Gopala Krsna · Centre culturel de l'Inde

Le dialogue entre Shri Krishna et Arjuna

Cet écrit nous vient sous la forme d'un dialogue entre Shri Krishna et Arjuna, précédant immédiatement la guerre dévastatrice du Mahabharata.


La conversation évolue à travers une série de questions et réponses qui élucident des concepts métaphysiques comme la différence entre le corps et l'âme (ou la matière et l'esprit) : « de la même façon qu'on se défait d'un vêtement usé pour en revêtir un neuf, l'âme abandonne l'ancien corps pour en prendre un nouveau ». Krishna parle aussi du principe de l'action désintéressée, des vertus de la discipline (yoga) et de la méditation, du savoir (jnana) et de la dévotion (bhakti) : « Pour qui M'adore, le mental fixé sur Moi et fait de Moi l'objet de Sa méditation, Je suis Le libérateur. Celui-là atteindra Mon royaume éternel, où règne la félicité et la connaissance » Il enseigne que la perfection n'est pas dans le renoncement au monde, mais bien dans l'action disciplinée (karma-yoga) accomplie sans attachement aux résultats (karma-phala-tyaga).

Krishna précise que toute action doit être accomplie dans la conscience de Dieu. « Quoi que tu fasses, que tu manges, sacrifies ou prodigues, quelque austérité que tu pratiques, que ce soit pour M'en faire l'offrande. » Ensuite, Krishna révèle à Arjuna Sa forme universelle, qui englobe tout ce qui existe : « Je pénètre et Je soutiens l'univers tout entier ». Puis Il montre Sa forme mystique de Vishnou à quatre bras. Après avoir expliqué Ses multiples manifestations dont Brahman, Paramatma et Bhagavan, Il déclare en conclusion que Son aspect personnel surpasse Ses aspects impersonnels.


Krishna explique également les trois modes d'influence de la nature matérielle – Vertu, Passion et Ignorance - tout en montrant que la compréhension de ses trois attributs, ainsi que la connaissance des natures divine et démoniaque, peuvent conduire à l'illumination. Il décrit aussi les différentes formes de libération et la suprématie de l'abandon à Sa personne avec un cœur plein de dévotion. « Emplis toujours de Moi tes pensées, deviens Mon dévot, offre-Moi ton hommage et voue-Moi ton adoration. Entièrement absorbé en Moi, certes tu viendras à Moi. »
Ainsi la Bhagavad-gita se poursuit, décrivant la nature temporaire du monde matériel et glorifiant Dieu, la Personne Suprême, et Sa demeure éternelle.

Les commentaires sur la GITA

Bien que la Bhagavad-gita soit largement publiée et lue comme un ouvrage à part entière, elle fait originellement partie du sixième livre du Mahabharata (Bishma-parva chapitres 23 à 40). Formée de 700 versets partagés en dix-huit chapitres, elle est connue également sous le nom de Gitopanishad, car elle adhère au style et aux conclusions philisophiques des Upanishads.

La profonde sagesse de la Bhagavad-gita a inspiré de nombreux commentaires ; ce serait d'ailleurs le livre le plus commenté de toute l'histoire religieuse de l'humanité. En Inde, la quasi-totalité des maîtres importants ont fait l'exégèse de la Bhagavad-gita et ce, depuis l'Antiquité. Le Mahabharata comporte aussi sa propre explication de la Gita, puisque le quatorzième livre de cet ouvrage (nommé Anugita) résume essentiellement le contenu de la Gita.

D'autres textes vaishnavas ancestraux, tels le Varaha Purana et le Padma Purana, contiennent une Gita-mahatmya (versets à la gloire de la Gita), dont toutes les écoles de pensée de l'Inde font usage. Au VIIe et VIIIe siècles, les maîtres de l'école impersonnaliste comme Bhaskara et Shankara ont également rédigé des commentaires sur la Bhagavad-gita désormais considérés comme classiques, même si les vues personnalistes des vaishnavas en sont absentes. De la plus haute importance sont cependant les nombreux commentaires très théistes qui suivirent, en particulier celui de Shrila A.C. Bhaktivedanta-Swami Prabhupada.

Après que la Bhagavad-gita eût été traduite en anglais pour la première fois (par Charles Wilkins en 1785), sa popularité monta en flèche hors de l'Inde. Entre autres intellectuels, les allemands Schlegel, Deussen et Schopenhauer, les français Michelet, Lamartine, Leconte de Lisle, Romain Rolland et Malraux, les américains Emerson et Thoreau, les britaniques Aldous Huxley et Max Müller (ce dernier était anglais d'adoption), et le russe Tolstoï furent intrigués par le message de la Gita. Un message sur lequel on n'a pas fini de disserter à ce jour.

« De tous les livres sacrés des hindous, la Bhagavad-gita est le plus largement lu et, sans doute, le plus important quant à la compréhension du mysticisme oriental. »

R. C. Zaehmer, Université d'Oxford

Gopala Krsna · Centre culturel de l'Inde

QU'EST-CE QUE LE DHARMA ?

Même si de nombreux érudits acceptent qu'on traduise dharma par « devoir », ce terme sanskrit n'en reste pas moins difficile à traduire. Utilisé pour désigner entre autres la religion, la religiosité ordinaire, le devoir sacré, la vertu, la loi, l'ordre cosmique, etc... ce mot découle étymologiquement de la racine verbale dhri qui signifie « maintenir », ou plus spécifiquement « ce qui maintient tout ensemble », c'est-à-dire les qualités essentielles. Par conséquent, le dharma est vu comme « l'essence, ou « la nature inhérente » d'une chose. Ainsi le dharma de l'eau serait son humidité et celui du miel, son goût sucré. Selon la Bhagavad-gita, le dharma de l'âme réside dans le service offert à Krishna avec amour et dévotion.

×